C’est un thème très important à réfléchir lorsqu’on fait de la permaculture, surtout sur une petite surface comme la mienne (30m2).
L’abondance ne se décline pas si facilement. Dans les cultures traditionnelles il faut des engrais, des insecticides, des désherbants, des serres chauffées, des outillages de plus en plus importants comme des tracteurs, des charrues, des moissoneuses et surtout beaucoup de surface. Nous étions (et sommes toujours malheureusement) dans l’ère de la mécanisation, de l’automatisation et de la rentabilité rapide et avec le moindre effort si possible.
Pour créer de l’abondance en permaculture il faut réfléchir avant toute action, il faut prendre son temps et observer la nature, faire son expérience, tester des techniques et des associations de légumes, fleurs, fruitiers, sous-bois etc… mais surtout respecter la nature!
Quand on dit qu’il faut respecter la nature, cela veut dire qu’il faut respecter avant tout la nature des plantes, celle des insectes, celui du temps et des saisons, il faut comprendre les interactions, les équilibres, comment les maladies ou les parasites s’installent et pourquoi. Il faut comprendre la nature de son sol et des organismes qui y habitent et surtout suivre son évolution et son envie de vivre! La nature est en perpétuel équilibre entre la vie et la mort et dès que l’homme intervient brutalement dessus l’équilibre est rompu.
La permaculture est avant tout une « intervention » sur le milieu naturel qui doit se faire non seulement en harmonie avec celui-ci mais surtout dans la perspective de favoriser l’éclosion de la vie sous toute ses formes.
Très souvent on veut des résultats rapides, on veut récolter beaucoup, on veut avoir une satisfaction de sentir qu’on maîtrise les techniques qui fonctionnent.
La première étape consiste à abandonner toute ces envies et d’accepter que parfois ça marche et parfois pas. Mais si ça ne marche pas il faut alors se poser la question pourquoi? Est-ce que mon légume avait la bonne exposition? Est-ce qu’il était à côté d’autres plantes nocives pour lui? Est-ce qu’il a eu trop ou trop peu d’eau? Qu’y-a-t-il dans mon sol qui aurait pu poser problème? Est-ce que les graines ont bien été semées correctement et à la bonne époque? Comment était le climat durant le semis, la montée, la maturation etc…
Et quand ça marche il faut se poser exactement les mêmes questions: pourquoi ça a fonctionné? Le climat, l’eau, le sol, les apports d’engrais naturels, le manière de semer, de récolter etc…
Le tout étant d’observer l’évolution au cours des années qui passent, pour ma part je prend beaucoup de photos, je note tous les semis que je fait mais aussi toutes les récoltes. J’observe également comment évoluent les insectes, les limaces, les papillons, les abeilles, les guêpes, les oiseaux… toutes ces indications me donnent une satisfaction bien plus grande que les récoltes car lorsqu’on voit la faune et la flore réapparaître petit à petit on ressent un plaisir sans pareil d’avoir fait du bien à l’environnement.
Mes conseils pour favoriser l’abondance
Utiliser ce que la nature nous donne
Un exemple simple: au début j’arrachais les orties qui poussent près de mes cultures car franchement c’est envahissant, ça pique, ça fait de l’ombre aux légumes et surtout ça fait désordre d’avoir des mauvaises herbes…
Aujourd’hui je les coupe avec des ciseaux, sans arracher les racines et je les remercie chaque fois de me fournir du jus d’orties (excellent pour la santé, reminéralisant, équilibrant et très nourrissant pour le corps), de la soupe (vraiment délicieux), du thé à l’ortie (super bon!) et dernièrement je l’ai utilisée comme anti-inflammatoire et revitalisant pour lutter contre la grippe.
En la coupant avec précaution, elle va repousser tout simplement et je pourrai en récolter toute la saison jusqu’aux premières gelées prochaines. De plus je laisse des orties « sauvage » dans une partie de mon jardin afin que les papillons puissent venir y pondre leurs oeufs. Un jardin avec des papillons c’est beau et ça fait venir les oiseaux qui vont également manger les insectes nuisibles… que du bonheur pour tout le monde! J’ai déjà récolté presque 1kg d’orties cette année!
Améliorer le rendement de la pomme-de-terre
Cette année je teste une autre manière de planter les pommes de terre: je les ai enterrées plus profondément que d’habitude (à +-25cm) et j’ai recouvert le tout par une couche de broyât de 2 ans d’au moins 10cm d’épaisseur.
Lorsque les feuilles apparaîtront, je rajouterai du broyât supplémentaire (au moins encore 20cm).
Des racines vont ainsi se former sur le long de la tige et générer des pommes de terre sur plusieurs niveaux. Je ferai un compte-rendu en fin de saison pour voir combien j’ai pû retirer de 1,44 m2 de surface!
Améliorer le rendement des petits pois
Un autre test que je fais également, suite à une vidéo que j’ai vue sur internet (La culture étonnante des petits pois), c’est de semer les petits pois beaucoup plus densément qu’avant.
Avant je faisais attention de laisser de l’espace entre les graines pour que les plantes se développent facilement.
D’après cette vidéo il faut justement faire le contraire et les résultats sont incroyables par la quantité récoltée. J’ai également testé en pleine terre sur une ligne comme dans la vidéo.
Je teste donc cette méthode et je vous tiendrai au courant des résultats mais pour l’instant je les vois apparaître les uns contre les autres et ça n’a pas l’air, jusqu’ici, de poser de problème.
Je rajouterai quelques photos lorsque les cosses apparaîtront plus tard dans la saison.
Consommer tout ce qui est consommable
Trop souvent on récolte les légumes et on jette les feuilles et les tiges… c’est un tord, beaucoup sont comestibles voire même très bon de goût et pour la santé.
Les fanes de radis, par exemple, sont très très bons dans la soupe et les potées de légumes.
Les jeunes feuilles des choux-brocoli ainsi que les tiges tendres sont très bonnes à manger. Même chose pour les feuilles de choux-fleur et les feuilles de betteraves qui ressemblent à des épinards. Avant de jeter une partie de légume, un petit check sur google et on découvre des merveilles!
Récolter en respectant les plantes
Quand je récolte des feuilles d’épinard, je ne coupe pas à la sauvage à travers tout, ou pire en arrachant les plantes, je prends le temps de couper avec une paire de ciseaux, feuille par feuille, ce que je vais manger. J’applique le même principe aux bettes que je récolte feuille par feuille et non pas en coupant le pied.
Je laisse ainsi le temps à la plante de repousser et me redonner de nouvelles feuilles. J’utilise la même méthode avec presque tout, couper intelligemment pour laisser la plante se régénérer. Même les pommes de terre, je n’arrache pas la plante mais je « glisse » mes mains en dessous pour récolter les grosses patates! Les petites auront ainsi la chance de continuer de grandir…
Je profite également de l’aubaine de certaines « mauvaises herbes », comme ici sur la photo, de la « Lapsana Communis » qui est tout à fait comestible et complémente mes salades. Je rajoute des feuilles de pissenlit aussi ce qui est très bon pour la santé car elles contiennent 10x plus de vitamines que la laitue. Cette année j’en suis déjà à 1,65 kg de salades variées sans avoir arraché aucune plante et en les laissant repousser tranquillement!
Prévoir les années suivantes
L’année passée et l’année précédente j’ai laissé monter en graine des choux kale que j’ai simplement « jeté » dans le compost. Résultat, cette année dans tout le terreau que j’utilise j’ai des choux qui poussent comme des mauvaises herbes.
Ce sont donc d’excellentes « mauvaises herbes » que je récolte et rajoute à mes salades. Cette année j’en suis déjà à 1/2 kg de récolte de ces jeunes pousses « non-voulues » et pleines de vitamines K et A, de calcium et d’acide folique, excellent pour la santé!
Cette année j’en ai également laissé monter en fleur pour que ce phénomène se reproduise par la suite.
Même chose avec les tomates, à force de mettre les restes dans le compost, j’ai chaque fois des plants de tomates qui poussent un peu partout. J’ai le même résultat avec les pommes de terre ou d’autres légumes dont je mets les déchets de cuisine directement dans la terre de mes bacs à semis (c’est le moyen d’enrichir la terre des bacs et les plantes y trouvent leur compte toute l’année).
Tout ça ce sont des dons de la nature, lorsqu’on n’utilise que des graines reproductibles (en non des hybrides) c’est fou ce qu’on en retire sans effort!
Ne pas hésiter à re-semer rapidement
Au mois d’avril j’ai déjà récolté 1,3 kg de radis « chandelles » et 1 kg de radis rouges. Dès que la place est « libérée » je ressème immédiatement pour lancer la deuxième production sur le même endroit.
Contrairement à mes débuts, j’enlève les plantes qui ne sont pas matures car ça prendrait trop de temps à ce qu’ils le deviennent consommables et c’est mieux de re-semer directement une nouvelle série qui va se développer rapidement.
Des combinaisons sont aussi intéressantes comme les radis avec les carottes car les carottes sont très lentes à pousser contrairement aux radis qui vont sortir rapidement. En plus l’ombre des radis va éclaircir naturellement les carottes qui auront plus de place pour se développer. C’est une très bonne opération de mélanger les deux sur la même parcelle.
Les salades à couper sont également intéressantes car on les coupes sans les arracher et elles repoussent plusieurs fois.
Cette année j’ai déjà récolté deux fois des feuilles de salades à couper. Si on le fait tôt, avant qu’elles montent en fleur, on peut en profiter plusieurs fois!
De manière générale, je me pose souvent la question de combien de fois je peux récolter sur les mêmes plantes et combien de fois je peux semer sur la même parcelle.
Lorsqu’on cultive des légumes qui prennent toute une saison pour être mangeable c’est une parcelle qui ne donnera qu’une fois un légume. Bien entendu il en faut aussi mais c’est un calcul à faire pour savoir ce que l’on veut en abondance. Au même titre, les légumes perpétuels c’est bien mais ça occupe définitivement un espace, du coup il ne faut pas trop en mettre non plus, au risque de diminuer le rendement global.
Voilà pour cet article, j’en écrirai d’autres au fur et à mesure que je teste des « astuces » pour augmenter le rendement sur une petite surface tout en respectant la nature dans son entièreté.
Catégories :Résultats, Semer, repiquer & planter, Trucs & astuces
Très bon article qui permet de découvrir de bons conseils que j’appliquerai la saison prochaine.
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